Ce mercredi 13 décembre, les débats sur le budget initial 2024 de la Wallonie sont à l’ordre du jour du Parlement wallon. Ce budget est le dernier de cette législature. L’occasion de faire le point.
Cette législature a été marquée par des évènements qui entraîneront des conséquences durables sur les finances de la Wallonie.
La Région a dû mettre les moyens nécessaires :
- Pour préserver la santé des citoyens et le tissu économique dans le cadre de la crise covid
- Pour permettre la reconstruction des territoires touchés par les inondations et la juste indemnisation des victimes
- Pour absorber le choc de la crise en Ukraine et ses conséquences encore prégnantes sur notre économie.
Il était cependant un point également crucial de savoir combien de temps et jusqu’à quelle limite la Région pouvait intervenir sans mettre en péril de façon irrémédiable sa santé financière. C’est d’autant plus vrai qu’avant ces crises, la dette de la Région s’élevait déjà à plus de 23 milliards d’euros. Cette question de la limite, la Commission Externe de la dette y a répondu une première fois au travers de ses conclusions en septembre 2021.
Sur base de ces recommandations, le gouvernement a établi un plan d’action en 4 axes pour garantir la soutenabilité de la dette :
- Une trajectoire soutenable
- Des efforts durables
- L’efficacité et l’efficience de nos dépenses
- Le renforcement des compétences en finances publiques
Une trajectoire soutenable
Pour le gouvernement wallon, un objectif clair est de stabiliser le ratio dette/recette à 180%. Cette trajectoire a été mise à jour en mars 2023 ce qui a confirmé le chemin à suivre.
Ainsi, le rapport de la première commission externe de la dette tablait sur un solde de financement SEC en 2024 de – 2,839 Milliards EUR alors que les inondations n’avaient pas encore été prises en compte. L’actualisation du rapport en mars 2023 tablait, lui, sur un solde de financement SEC de – 2,648 milliards EUR. Le budget aboutit finalement à un solde de financement SEC de -2,209 Milliards EUR. Cette progression de plus de 600 Millions EUR mérite d’être soulignée car elle témoigne de l’efficacité de l’action et des choix de ce gouvernement.
Des efforts durables
Le fil rouge de l’action gouvernementale demeure donc la soutenabilité de la dette wallonne. Il est de notre responsabilité d’agir en solidarité avec les générations futures qui ne doivent pas porter le poids d’une dette paralysante. Pour rappel, conformément aux recommandations de la Commission externe de la dette, le Gouvernement s’est engagé depuis 2022 à réaliser un effort structurel cumulatif de réduction du déficit à hauteur de 1% des recettes (au minimum 150 millions par an).
Le Gouvernement a réalisé 150 millions d’efforts structurels en 2022, auxquels se sont ajoutés 250 millions en 2023. Pour respecter les recommandations de la Commission de la dette, il restait 70 millions d’effort à réaliser cette année. Le Gouvernement va au-delà et réalise 100 millions d’efforts structurels en 2024. Depuis 2022, le Gouvernement a donc réalisé un total 500 millions d’efforts structurels.
L’efficacité et l’efficience de nos dépenses
Concernant l’efficacité et l’efficience de nos dépenses, le ministre du Budget explique : « Cela peut paraitre une évidence même mais, il nous faut questionner continuellement l’efficacité et l’efficience de nos dépenses, non pas avec l’unique objectif de faire des efforts budgétaires mais justement afin de créer de l’espace pour de nouvelles politiques ou renforcer les options de certaines politiques. Cela s’est traduit par l’instauration structurelle du mécanisme de revue des dépenses de façon sélective. »
Trois sujets ont ainsi été sélectionnés par le gouvernement :
- La gestion du parc automobile du SPW,
- Le Plan pluriannuel d’investissement immobilier du SPW
- La Gestion des dépenses informatiques courantes du SPW.
Les trois groupes de travail se sont réunis en fin novembre et leurs rapports finaux devraient être à disposition du futur gouvernement pour la préparation du budget 2025.
Cette réforme était une obligation pour la Région wallonne vis-à-vis de la Commission Européenne afin de bénéficier des moyens du PNRR. Le modèle mis en place en Wallonie s’est inscrit dans la droite ligne des recommandations faites par l’OCDE.
Renforcement des compétences
Par ailleurs, le renforcement des compétences budgétaires, financières et fiscales de notre Région va permettre de nourrir efficacement la réflexion et l’expertise autour de la soutenabilité de la dette et de la gestion optimale de nos finances publiques. Ce renforcement se matérialisera avec la création le 1er janvier 2024 du CESEFFB qui portera pour le grand public, le nom commun de Wallonie Finances Expertise. Cette volonté de mutualisation des forces vives n’est pas neuve et part d’un constat partagé par la plupart des formations politiques.
Ce centre intégrera également à budget constant l’entité de coordination de revue des dépenses, preuve que la mutualisation de ces compétences peut aussi éviter de devoir dégager des moyens supplémentaires. « Quel que soit le futur attelage politique du prochain gouvernement, je suis convaincu que celui-ci aura ainsi à disposition un outil encore plus performant pour faire face aux nombreux futurs défis de notre Région. », affirme le Ministre du Budget.
La modernisation du décret WBFin et de ses AGW est également un travail important concerté entre le cabinet du Ministre du Budget, l’inspection des finances, la CIF et l’Administration. Le texte a été adopté en première lecture par le gouvernement.
En conclusion…
Selon le Ministre du Budget, « le Gouvernement wallon a dû faire preuve d’un réel courage politique durant cette législature. Les efforts sont concrets, lisibles et visibles, ils se traduisent d’ailleurs dans le maintien du rating de Moody’s, publié ce mardi 12 décembre. Mais ces efforts devront être pérennisés. La Wallonie doit rester extrêmement attentive à sa situation budgétaire et financière. J’en appelle donc à la responsabilité de tous durant la rédaction de la future Déclaration de Politique Régionale. Le Chapitre « Budget » devrait être prioritaire et conséquent. Ce n’est pas une question de choix politique mais bien de responsabilité collective pour permettre à la Wallonie de prendre la pleine mesure de ses ressources, de ses moyens et de son incroyable vivier de talents, quels qu’ils soient ».