Discours sur l'état de la Wallonie

Mesdames et Messieurs les Députés,

 

Permettez-moi, au nom du Gouvernement, de vous présenter un bilan, non exhaustif bien entendu, sur l’état de la Wallonie.

 

Cet exercice n’ayant pas été réalisé l’année dernière, malgré l’obligation parlementaire, je serai peut-être long à certains moments.

Mais il est essentiel d’être précis sur la photographie que nous souhaitons partager de l’état de notre Région, pour qu’elle soit  la plus honnête et la plus lucide possible.

 

Aujourd’hui, nous le savons tous, nous faisons face à une situation compliquée.

Nous sommes dans un moment charnière.

La Wallonie, à peine remise de crises successives, fait face à une inflation persistante qui fragilise les plus vulnérables.

 

À cela s’ajoute un contexte international tendu marqué par la guerre en Ukraine, l’imposition de droits de douane américains sur les produits européens, un climat politique mondial instable, et une situation économique globale qui a des répercussions locales, comme l’annonce de la fermeture des magasins Cora la semaine dernière, impactant des milliers de familles. Vous le savez, le gouvernement wallon a mandaté le Forem pour accompagner les travailleurs. Nous mettrons tout en œuvre pour limiter les conséquences sociales.


Les politiques ont une responsabilité dans la situation que nous vivons parce que nous n’avons pas osé changer les choses, les faire évoluer.
 

Albert Einstein illustre très bien le propos en une phrase : « Il serait fou de refaire toujours la même chose, et de s’attendre à des résultats différents ».

 

Alors, plutôt que de subir, choisissons d’agir.

 

Osons !

 

Osons changer la manière de faire de la politique en Wallonie.

Il y a des choses qu’on ne fera plus, parce qu’à force de faire comme avant, « parce qu’on avait toujours fait comme ça », la Wallonie n’a pas pu avancer comme elle aurait dû le faire.

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Le sous-localisme en est une. Par exemple, quand le gouvernement accordait un subside d’1 million à Liège, il fallait alors un autre million pour Charleroi.

Le sous-localisme n’aura plus sa place.


Pour parler de l’état de la Wallonie, nous souhaitons aussi que les perspectives et les prévisions avancées soient réalistes et basées sur des études concrètes, et non uniquement sur des convictions ou des promesses. L’habitude a trop souvent été de se fixer des objectifs irréalistes, non maîtrisés et non budgétés face aux nombreux défis wallons.

 

Nombreux. Et compliqués.

Il y a un défi économique, nous en reparlerons.

 

Il y a aussi un défi environnemental.

Notre région est touchée par le changement climatique. Depuis le début du 20ᵉ siècle, la température moyenne annuelle en Belgique a augmenté d'environ 2 °C. Malgré une baisse globale des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, notre pays aura du mal à atteindre les objectifs climatiques européens (réduction de 55 % d'ici 2030).

Il y a deux mois, notre gouvernement a limité la présence de Pfas dans les eaux de distribution, mais le défi reste important. Enfin, les forêts wallonnes sont sous pression.

 

Nous faisons face également à un défi numérique et technologique, nous en reparlerons.

Nous faisons face à un défi industriel. Et, évidemment, un défi social.

 

Un autre défi de taille me préoccupe, et je suis certain qu’il inquiète plus d’un parmi vous : la montée des extrêmes.

 

Qu’elles soient religieuses, politiques, idéologiques ou sociétales, ces extrêmes n’ont pas leur place en Wallonie.

 

À Bruxelles, il y a quelques mois à peine, un attentat d’extrême droite a été évité de justesse.

 

Au nord du pays, un électeur sur quatre votes pour un parti d’extrême droite.

 

Lors de récentes manifestations à Bruxelles, nous avons vu des groupuscules d’extrême gauche user de la violence faute d’arguments, et recourir à l’intimidation pour empêcher des partis démocratiques de s’exprimer.

Mais nous ne céderons pas.

 

Cette montée des extrêmes se vit dans toute l’Europe (en Finlande, Autriche, Roumanie, Allemagne, Italie, France, Suède…), mais également chez d’autres partenaires privilégiés, notamment de l’autre côté de l’Atlantique.

 

Les idées défendues par les extrêmes doivent être combattues avec force et sans relâche.

A tous les niveaux de pouvoir.

Dans ce parlement et dans tous les parlements de Belgique.

 

Osons les combattre !

Osons la nuance et les débats apaisés plutôt que la division !

Osons l’intelligence collective, le dialogue et l’action plutôt que la peur !


Je suis convaincu d’une chose : la réponse à ces défis ne réside ni dans la peur, ni dans la division, mais dans le dialogue, dans l’écoute et dans l’action concrète.

Nous devons d’abord réhabiliter la parole politique, non pas par des promesses creuses, mais par des engagements tenus, des résultats visibles.

Il n’y a pas de confiance sans cohérence, pas de légitimité sans exemplarité. Nous devons agir avec transparence, reconnaître nos erreurs quand elles existent, et toujours placer l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans.

La montée des extrêmes n’est pas un hasard : elle est l’enfant de colères qu’on n’écoute pas, et l’enfant d’injustices non résolues.

 

Osons donc replacer l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans !

 

Toutes les décisions que nous prenons.

Toutes les politiques que nous mettons en place.

 

Toutes les actions que nous menons ont un objectif :

Replacer les Wallonnes et les Wallons au centre.

 

 

 

Mesdames et Messieurs les Députés,

 

Notre démocratie reste fragile, l’actualité nous le démontre tous les jours.

Les tout premiers chiffres que je souhaite partager avec vous aujourd’hui ne concernent ni le budget, ni l’emploi, ni l’économie.

Ils concernent la confiance.

 

La confiance de nos concitoyens envers leurs institutions. Envers celles et ceux qui les représentent. Envers nous.

 

En 2023, seuls 35 % des Wallonnes et des Wallons disent avoir confiance dans leur région.
 

 

Et 39 % dans l’État fédéral.


 

Plus globalement, les institutions politiques — qu’il s’agisse de l’État, de la Région ou des partis — ont vu leur niveau de confiance chuter de près de 30 points entre 2018 et 2023.

Trente points. En cinq ans. C’est vertigineux.

 

Toujours en 2023, à peine 23 % des citoyens wallons — une personne sur quatre — se disent satisfaits du fonctionnement de la démocratie en Wallonie.

Et 26 % en ce qui concerne la démocratie belge dans son ensemble.

 

Ces chiffres ne sont pas des alertes.

Ce sont des sirènes.

 

Face à tous ces défis, nous pourrions fermer les yeux.

Face à tous ces défis, nous pourrions nous plaindre.

Mais ce n’est pas notre manière de faire.

 


Osons faire face.

Osons transformer ces signaux d’alerte en leviers d’action.

En se posant les bonnes questions.

Et en prenant les bonnes décisions.

 

C’est l’esprit dans lequel nous avons décidé de travailler.

Avec force et rigueur.

Avec méthode.

 

Travailler en évaluant l’impact de nos politiques.

Et nous serions déterminés à les faire évoluer si besoin, au cours des prochaines années.

 

Parce que piloter une Région, c’est comme prendre la mer. Il faut connaître son cap, oui. Mais il faut surtout savoir s’adapter aux vents et aux marées.

 

Entre la Déclaration de Politique Régionale de juillet 2024 et aujourd’hui, le 16 avril 2025, le monde a déjà changé.

Et nous changeons avec lui.

 

Parfois en saisissant des opportunités — comme avec le renforcement de la filière industrielle dans le domaine de la défense.

Parfois en prenant des décisions moins populaires — car nous refusons d’avancer avec des œillères.

 

Winston Churchill, qui a fait face à de très nombreuses crises politiques dans sa vie, avait ces mots  : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté ».

 

Osons voir les opportunités.

Osons les saisir.

 

Il y a un peu plus de cinq ans, le 17 mars 2020, notre pays, comme tant d’autres, entrait dans l’inimaginable.

Le confinement.

La suspension brutale de nos vies sociales, de nos libertés fondamentales, et d’une part de notre économie.

 

Cette parenthèse que nous espérions courte a laissé des traces profondes.

Et la Wallonie n’a pas été épargnée.

 

Le constat est clair : la Wallonie a été secouée, mais elle a tenu bon.

 


Et cela doit nous amener à une première conclusion essentielle : il n’y a aucune fatalité. La Wallonie a tous les atouts pour se transformer et rebondir.

 

La photographie que je vous présente aujourd’hui n’est pas un regard figé sur le passé.

C’est un point de départ.

 

Maintenant que le cadre est posé, voici quelques chiffres que je voulais partager avec vous :


Le premier, c’est 40.

 

Depuis la création de la Région wallonne en 1981, nous avons eu 40 ans de gouvernement de gauche.

Aujourd’hui les citoyens ont décidé d’écrire une nouvelle page et nous savons que les attentes sont nombreuses, y compris au Nord du pays qui porte désormais un autre regard sur nous, ce que je constate au quotidien.

 

Aujourd’hui, c’est à nous d’être à la hauteur de ce moment.

D’en faire un tournant.

 

Osons faire autrement.

 

J’aimerais à présent partager avec vous quelques chiffres sur la population de notre région.

 

Au 1er janvier 2024, nous étions 3,7 millions de Wallonnes et de Wallons.

Cela représente 31,4 % de la population belge.

Sur les dix dernières années, la population wallonne s’est accrue de près de 116 000 personnes.

Nous n’avons jamais été aussi nombreux.

 

Parmi nous, 11 % sont de nationalité étrangère, dont une majorité sont des ressortissants de l’Union européenne.

 

Mais ce dynamisme apparent cache des évolutions plus silencieuses.

 

Jamais nous n’avons été si nombreux… et pourtant, jamais nous n’avons fait aussi peu d’enfants.

 

Pour ma part, j’ai essayé de faire de mon mieux. ;)


L’indice de fécondité est aujourd’hui de 1,48 enfant par femme.

C’est bien en-dessous du seuil de remplacement des générations, fixé à 2,1.

Un net recul par rapport au sommet de 1,85 atteint en 2010.

 

Autre constat : notre population vieillit.

L’âge moyen en Wallonie est aujourd’hui de 42,1 ans.

Il pourrait atteindre 47 ans en 2070.

L’espérance de vie, elle, est de 80,6 ans, inférieure à celle des deux autres Régions.

 

Le visage des ménages wallons évolue également.

Le ménage type compte en moyenne 2,2 personnes.

Et 37,4 % des ménages sont composés d’une seule personne.

 

Et lorsqu’on parle de population, une question fondamentale se pose :

Comment va-t-elle ?

 

Une enquête sur la santé des Wallonnes et des Wallons est en cours depuis 2023.

Les derniers chiffres complets datant de 2018, ils ne sont donc plus pleinement pertinents.

 

Nous possédons cependant d’autres indicateurs, au niveau national qui nous démontrent l’urgence en matière de santé, et de santé mentale en particulier.

 

En 2023, 1 adulte belge sur 5 souffrait d’anxiété, et 18 % présentaient des symptômes dépressifs.

Les jeunes adultes, particulièrement les 18-29 ans, sont les plus touchés.

 

En novembre 2023, en période post-Covid, plus d’1 jeune sur 6 a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide dans les 12 derniers mois.

 

Entre 2019 et 2023, l’usage des antidépresseurs a d’ailleurs augmenté de 8 %, avec une hausse marquée chez les 12-24 ans.

 

Ces chiffres confirment l’urgence d’agir, notamment en santé mentale.

 

Je m’engage à revenir devant vous, ici même, dès que les nouvelles données issues de l’enquête en cours seront disponibles.

 

Aujourd’hui, la photographie que nous pouvons faire de l’état de la Wallonie amène une image contrastée.

 

Il y a une réalité : le poids du passé - le poids de la dette - est très important.

Et la situation est simple : nous devons aujourd’hui assurer la gestion de notre dette et la finançabilité de celle-ci.

 

Mais c’est aussi une chance de repenser notre Région en fonction des réalités d’aujourd’hui, pas des modèles d’hier.

 

Trois chiffres s’imposent.

 

21,8 %.

C’est la part de la population wallonne qui vit dans un ménage en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Un habitant sur quatre.

C’est le double de la Flandre.

 

 

16,2 %.

C’est la proportion de Wallonnes et de Wallons vivant dans un ménage en privation matérielle et sociale.

Autrement dit : des ménages qui ne peuvent se permettre au moins 7 des 13 biens essentiels, comme chauffer correctement leur logement, s’offrir une semaine de vacances, aller au restaurant, acheter des vêtements neufs ou pratiquer un loisir…

Des choses simples, que beaucoup d’entre nous considèrent comme acquises.

 

13,5 %.

C’est le taux de pauvreté persistant. Soit des personnes dont les revenus sont restés sous le seuil de pauvreté pendant au moins deux années consécutives.

 

 

À ces chiffres sur la pauvreté, s’ajoutent ceux du chômage.

Et ils doivent, eux aussi, nous faire réagir.

 

22,3% des 15-24 ans qui se présentent sur le marché du travail sont au chômage. 

Un jeune sur cinq.

 

En février 2025, on comptait près de 540 000 demandeurs d’emploi inoccupés inscrits en Belgique, dont près de 250 000 en Wallonie.

 

Et pourtant, en 2024, il y avait près de 180 000 emplois vacants dans le pays, dont près de 40 000 en Wallonie.

 

Le paradoxe est là.

Des milliers de personnes sans emploi.

Des milliers d’emplois sans personne.

 

C’est la raison pour laquelle, tant en Wallonie qu’au Fédéral, des réformes sont menées pour activer le travail.

 

Le taux d’emploi des 20-64 ans en Wallonie est actuellement, selon les dernières données de 2024 qui viennent d’être publiées par Statbel, de 67,1% avec une disparité entre les hommes et les femmes. En 2024, en Wallonie, 63,1 % des femmes en âge de travailler (20-64 ans) avaient un emploi contre 71,0 % des hommes. Et certains arrondissements sont plus touchés que d’autres. Dans les deux plus grands arrondissements wallons, le taux d'emploi est de 55%

L’objectif national est d’atteindre un taux d’emploi de 80%.

 

Notre action s’articule autour de six axes stratégiques :

  1. Accélérer et intensifier l'accompagnement des chercheurs d'emploi.
  2. Les activer à chaque étape du parcours.
  3. Responsabiliser tous les acteurs impliqués.
  4. Répondre aux besoins en compétences des entreprises.
  5. Doter le Forem d'outils numériques performants.
  6. Assurer un suivi et un monitoring rigoureux des actions menées.

 

Il est essentiel qu’une personne qui se lève le matin pour aller travailler gagne plus que quelqu’un qui reste chez lui.

Et toutes ces personnes qui restent chez elles, qui ne travaillent pas, et parfois depuis plusieurs années pour des raisons diverses et variées, il faut les aider.

Il faut leur montrer qu’il est possible d’envisager une autre vie.

 

Il faut oser les remettre en mouvement.

 

Aller les chercher et les accompagner pour les amener sur le marché du travail, c’est réellement là tout l’enjeu de notre politique de l’emploi que nous voulons pragmatique, humaine et efficace.

 

Le travail permet une certaine stabilité sociétale : un taux d’emploi élevé est souvent un facteur de stabilité sociale et politique.

 

Sans travail et sans impôt, il nous serait très difficile, voire impossible, de maintenir des systèmes de solidarité puissants.

 

Parler de travail, c’est aussi parler de pouvoir d’achat.

Parce que travailler doit permettre de vivre dignement, pas seulement de survivre.

 

C'est la raison pour laquelle nous avons fait une réforme des droits d‘enregistrement, qui permet l’accès à la propriété.

 

Etre propriétaire est le premier filet de sécurité face à la pauvreté.

 

Et en parlant de pouvoir d’achat et d’immobilier, voici quelques chiffres intéressants concernant notre région.

 

En 2022, un salarié travaillant dans le secteur privé, en Wallonie, gagnait en moyenne 3 452 € bruts par mois

 

En parallèle, le prix médian d’une maison unifamiliale atteignait 205.000 euros pour la même année.

 

La croissance du PIB de la Wallonie devrait atteindre 1,1% en 2024 et en 2025.

 

Le PIB par habitant est de 32.700 euros en Wallonie, ce qui place notre région à la 52ème place des régions européennes sur 110. La Flandre est 19ème et Bruxelles, 3ème.

 

 

 

La demande extérieure reste faible, ce qui retarde la reprise des exportations. Pour l’année 2024, on assiste à une nouvelle contraction des exportations, de l’ordre de 1,6%. Les importations, elles, ne reculent pas.

Pour 2025, nous prévoyons une augmentation des exportations internationales de l’ordre de 2%. Sous-réserve des conséquences liées aux droits de douane américains.

 

L’inflation ralentit progressivement, mais reste un risque important, notamment en raison des tensions géopolitiques pouvant affecter les prix de l’énergie.

 

Une région ne peut grandir sans éducation.

En 2023, 73% des Wallons de 25 à 89 ans détenaient au moins un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. C’est 2 fois plus qu’il y a 30 ans.

 

Et c’est l’occasion pour notre gouvernement de rappeler que les métiers techniques sont tout aussi essentiels. Et qu’il est urgent de les valoriser auprès des jeunes. Trop souvent, ces métiers sont perçus comme des "voies de garage", alors qu’en réalité, ils sont ultra qualifiés, concrets, porteurs de sens, et souvent bien rémunérés.

En juillet dernier, le Forem a identifié 162 métiers en tension en 2024, dont 112 sont en pénurie de main-d'œuvre, c’est-à-dire avec un manque de candidats qualifiés. Les secteurs les plus touchés sont la construction et l’industrie, avec de nombreux métiers manuels concernés. Notre région manque maçons, de soudeurs, d’électriciens installateurs, de conducteurs d’engins de chantier, ou encore de bouchers​.

On constate, par contre, que les jeunes de 15 à 29 ans en situation de NEET (Not in employment, education or training) est de 13%. Il est de 7% en Flandre. Quasi du simple au double.

 

 

 

Je voudrais, ici, dans cet hémicycle, attirer votre attention sur un autre aspect de la réalité wallonne : celui de la place qu’occupent les femmes.

 

Sur base des revenus de 2023, le revenu personnel moyen des femmes de 25 ans et plus ne représente que 76 % de celui des hommes.

Une Wallonne sur cinq de 25 ans et plus dispose d’un revenu sous le seuil de dépendance financière.

C’est deux fois plus que chez les hommes.

 

En moyenne, les salariées du secteur privé en Wallonie gagnent annuellement 17,6% en moins que leurs homologues masculins.

 

La part du revenu de la femme dans l’ensemble des revenus des couples hétérosexuels n’atteint que 39%

 

Je terminerai par 3 chiffres

  • 42% de femmes en Wallonie ont subi des situations de harcèlement sexuel au travail ;
  • 42,5% des femmes en Wallonie ont subi des violences de la part de leur partenaire intime au moins une fois dans leur vie ;
  • 26,6% des femmes en Wallonie ont subi des violences de la part d’une autre personne que leur partenaire.

 

Alors qu’il y a quelques semaines, le 8 mars, nous rappelions à quel point nous étions concernés par les droits des femmes, lire de tels chiffres dans notre région a de quoi choquer et nous invite à réagir.

 

 

Vous l’avez compris, les défis sont nombreux.

Et certaines décisions sont difficiles à prendre.

Mais notre ambition est grande.

Et elle est claire.

 

Le Gouvernement wallon devra, dans les prochaines années, poser les jalons de l’économie, de l’inclusion sociale et du développement environnemental de demain.

 

Et viser bien au-delà de 2029.

Cela implique de coordonner nos politiques avec le niveau fédéral, bien sûr.

Mais aussi de rester en alerte dans un contexte international en pleine mutation.

 

 

Nous venons de l’expliquer, nous voulons valoriser le travail.

Créer un environnement économique dynamique, durable et innovant, qui récompense l’effort, l’initiative, le talent.

Osons soutenir ceux qui créent, qui entreprennent, qui forment.

 

 

Mais nous devons aussi intégrer pleinement les transitions — numérique, énergétique, climatique.

Non pas comme des contraintes, mais comme des opportunités à saisir.

 

Et dans cette transformation, le bien-être des Wallonnes et des Wallons restera au cœur de notre action

 

 

Quel est le rôle du Gouvernement ?

C’est réformer, transformer, métamorphoser fondamentalement les services publics.

Pour les rendre plus efficaces.

Plus accessibles. Plus performants. Plus cohérents ! Il n’y a pas de meilleures manières pour renforcer la confiance du citoyen dans ses institutions.

 

La Wallonie n’a pas à rougir face à ses voisins.

Elle regorge de talents, d’idées, de savoir-faire, de créativité, de chercheurs, d’artisans, d’artistes, de PME dynamiques.

Il faut maintenant libérer cette énergie.

La canaliser. La soutenir. La révéler.

Cela ne pourra se faire qu’en redonnant confiance à nos concitoyens, aux entrepreneurs et acteurs du monde économique.

 

Notre projet de transformation s’appuie sur trois axes prioritaires : le développement économique, le renforcement de la cohésion sociale, et l'amélioration de la gestion publique.

En termes de développement économique, l'objectif est de dynamiser l'économie régionale en soutenant les PME, l'innovation technologique et l'entrepreneuriat.

Pour y arriver, il faut :

  • Encourager des investissements productifs et stratégiques dans des secteurs clés qui produisent des effets de levier pour toute l’économie : défense, énergie, santé, technologies.
  • Développer des parcs d'activités économiques et la reconversion des friches industrielles.
  • Améliorer les infrastructures routières et fluviales.
  • Promouvoir  l'entrepreneuriat local et augmenter l'emploi privé.
  • Renforcer le numérique, avec l'IA et la connectivité très haut débit.
  • Soutenir la recherche, l'innovation et la transition numérique/climatique.
  • Développer une agriculture durable et rentable.
  • Planifier une mobilité multimodale et performante.
  • Valoriser la Wallonie sur la scène internationale en renforçant le commerce extérieur et l'attractivité touristique.

Il faut surtout changer certaines mentalités.

 

C’est Churchill qui disait : « On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire. Peu voient en lui le cheval qui tire le char »

En 2022, le taux net de création d’entreprises en Wallonie était de 3,8 %.

Osons faire mieux. Osons aller plus loin.

 

 

En termes de Renforcement de la cohésion sociale, nous souhaitons lutter contre les inégalités et améliorer l'accès aux services essentiels :

  • celui d’un logement décent et salubre et plus généralement l’amélioration du parc immobilier 
  • La transition énergétique pour une meilleure performance du bâti.
  • L’accès garanti aux services publics et aux ressources essentielles.
  • Le soutien à la santé, avec une approche préventive et une meilleure accessibilité.
  • Le développement du sport pour tous, avec des infrastructures adaptées.
  • La sécurisation des routes wallonnes pour réduire les accidents.
  • La promotion d’un système alimentaire sain et durable.

 

Enfin, en termes de modernisation de la gestion publique, là aussi, les choses sont claires. Notre gouvernement vise une administration plus efficace et transparente, basée sur quatre principes clés :

  • La maîtrise des finances publiques.
  • La simplification des procédures administratives.
  • L’optimisation de l'efficacité des services publics.
  • La restauration de la confiance des citoyens.

 

Prendre soin des gens, c’est aussi prendre soin de l’environnement qui nous entoure et être attentif au bien-être des animaux. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons :

  • Notre objectif de neutralité carbone et une adaptation aux changements climatiques.
  • Une protection des ressources naturelles et de la biodiversité.
  • Un accès à une énergie abordable et décarbonée.
  • Un développement des modes de transport actifs et sécurisés.

 

Vous l’aurez compris, ce que nous souhaitons pour la Wallonie de demain se résume en 3 verbes.

 

Simplifier : les démarches administratives dans une administration performante et accessible à travers un choc de simplification

 

Évaluer : Selon les opportunités, nous évaluerons les politiques publiques pour les modifier si nécessaires en cours de route.

 

Rendre efficace : les pouvoirs locaux et les structures publiques régionales, en améliorant leur gouvernance, leur reconnaissance et leur responsabilisation.

 

Osons cette transformation.

Osons revoir nos façons de faire.

Osons revoir notre rapport au service public.

 

En termes de méthodologie, nous souhaitons partager avec vous les grands axes mis en place.

 

Depuis l’automne 2024, une méthode rigoureuse a été implémentée pour décliner la Déclaration de Politique Régionale (DPR) en projets concrets.

 

Un Contrat de Confiance et de Performance (CCP), qui remplace les  anciens contrats d’administration, seront établis d’ici fin juillet 2025 avec l’ensemble de l’administration, pour formaliser les engagements de chaque ministre sur certaines priorités mesurables.

Comme notre gouvernement souhaite des actions concrètes et des résultats tangibles, plusieurs projets seront initiés, et certains finalisés en 2025.

Je vous propose de partager avec vous quelques-uns de ces projets, compétences par compétences, et de manière non-exhaustive

 

Dans mes compétences : 

  • L’adoption du Plan régional de gestion de crise ;
  • L’adoption prochaine de la Note de politique internationale, commune à la FWB et à la Wallonie ;
  • La réforme des subventions facultatives ;
  • La révision de la fiscalité applicable aux ASBL et la création d’un portail unique pour la déclaration fiscale associative ;

 

Chez le Ministre François Desquesnes :

  • La simplification des lourdeurs administratives pour se concentrer sur l’essentiel, notamment en termes de formulaires et de dispenses et l’accélération de la dématérialisation complète des permis ;
  • La réforme du transport scolaire est en cours avec la FWB.
  • L’application et le suivi du Plan Oxygène pour les communes, le refinancement des zones de secours… ;
  • L’implémentation de nouvelles règles locales pour la fonction publique et l’intégration CPAS/Communes ;
  • La finalisation de la taxe de mise en circulation 

 

Chez le Ministre Pierre-Yves Jeholet :

  • La conclusion d’un nouveau plan d’entreprise avec le FOREM définissant la feuille de route opérationnelle pour la mise en œuvre des deux notes d’orientation: la réforme systémique de la  Formation et la réforme de l’accompagnement des chercheurs d’emploi ;
  • La réforme de l’Aide à la Promotion de l’Emploi ;
  • La réforme des primes à l’investissement ;
  • La modernisation du décret AWEX ;
  • L’adoption du décret Agence du Numérique ;
  • La mise à jour de la stratégie Digital Wallonia.

 

Chez le Ministre Yves Coppieters :

  • Le doublement des moyens en prévention et la promotion de la santé pour un véritable changement de paradigme, en investissant en amont pour préserver l’équilibre physique et mental des citoyens ;
  • Le déploiement de la stratégie "One Health" pour intégrer la santé dans toutes les politiques ;
  • Un meilleur accompagnement des jeunes en matière de bien-être, une lutte active contre les addictions, et une déstigmatisation de la santé mentale ;
  • La lutte renforcée contre les polluants (PFAS, pesticides, pollution de l’air et du sol) et la protection de nos ressources naturelles (Re-use, Green Deal Eau) ;
  • Le renforcement des dispositifs de lutte contre la précarité, avec un appui affirmé aux programmes de terrain tels que Housing First.

 

Chez la Ministre Jacqueline Galant :

  • La réforme en profondeur le code de la fonction publique wallonne ;
  • La fin des recrutements statutaires pour plus d’égalité et d’agilité dans le service public ;
  • La définition d’un nouveau modèle de  management public basé notamment sur un changement de désignation et d’évaluation des mandataires ;
  • La mise en œuvre de la stratégie immobilière de la Wallonie dans un objectif de rationalisation et de bonne utilisation des deniers publics ;
  • Le développement d’une stratégie Open Data ;
  • La coordination du choc de simplification administrative ;
  • L’ optimalisation du « décret infrasports ».

 

Chez la Ministre Valérie Lescrenier :


Un meilleur accompagnement des porteurs de projets de crèches pour faire aboutir les projets déjà retenus ;

  • Un appel à projets repensé, conjuguant viabilité économique, qualité d’accueil et besoins des territoires et familles, pour les crèches de demain ;
  • En tourisme, l’opérationnalisation des deux plateformes digitales B2B et B2C dans une optique de simplification administrative et de gestion mutualisée des données sur l'offre touristique ;
  • Une organisation plus transversale au sein de l’AWaP mais aussi avec VisitWallonia pour une meilleure promotion et valorisation de notre patrimoine.

 Chez la Ministre Cécile Neven :

  • La redéfinition du soutien à la rénovation ;
  • Les procédures de renouvellement des permis des aéroports de Charleroi et Liège ;
  • La 6e révision des PEB ;
  • La relocalisation des sonomètres fixes ;
  • La révision de l’arrêté sanctions.

 

Au niveau des réformes sur le long terme qui débuteront dès cette année, notons également :

  • La reconfiguration du secteur du logement pour plus d’efficience, via l’Agence de l’Habitation et les pôles locaux ;
  • La reconfiguration de la politique énergétique régionale au travers du GRD unique ;
  • La stratégie intervectorielle et la révision des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables ;
  • La mise en œuvre du PACE, afin de mettre la Wallonie sur la trajectoire des objectifs climatiques européens.

Enfin, chez la Ministre Anne-Catherine Dalcq :

  • La mise en avant des produits agricoles rémunérant l’agriculture à taille humaine – création d’une marque forte ;
  • La définition du concept d’agriculteur actif et la réforme du foncier, afin de maintenir une agriculture familiale, portée par des indépendants ;
  • La préparation de la future PAC post-2027 ;
  • La réforme du système des calamités agricoles et la mise en place du système assurantiel ;
  • L’organisation des États généraux de la protection des cultures afin de fixer, entre autres, les objectifs futurs de la recherche agronomique ;
  • En ce qui concerne la nature et les forêts, la restauration des habitats et du maillage écologique, dans l’ensemble des écosystèmes ;
  • La révision du plan quinquennal de recherches forestières
  • Au niveau des cours d’eau, la réalisation des grands travaux dans la vallée de la Vesdre est la priorité de cette législature.

  

Pour être tout à fait complet, on notera que plusieurs réformes de fond sont également en préparation : 

 

  • La réforme des provinces : une note stratégique est attendue avant l’été ;
  • La simplification de la gouvernance locale et supracommunale (la fusion d’intercommunales…) ;
  • Le pacte de simplification administrative : généralisation des services en ligne, open data, cybersécurité ;
  • La reprise de l’exercice de l’impôt pour une reprise effective dès 2028 ;

 

Notre ambition est grande.

Je l’ai déjà dit.

Nos objectifs sont clairs, et nombreux.

Et nous avons un cap et une stratégie.

 

Mais, nous ne sommes pas à Poudlard, et je ne suis pas Harry Potter.

J’aimerais, mais je n’ai pas de baguette magique.

 

Mais je crois à la force du travail. Je crois à la constance.

 

Le redressement de la Wallonie, c’est une histoire que nous allons écrire ensemble, en travaillant sans relâches.

 

Et il nous faudra du temps.

 

Il faut toujours du temps pour que les choses se fassent bien et de manière solide.

 

C’est ce que nous apprend ​Paul Morand dans son roman « L’homme pressé » : « Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui ».

 

Je vais répéter ce que j’ai commencé par vous dire. Il n’y a pas mille manière de redonner confiance. Et il n’y a pas non plus de fatalité.

Nos concitoyens attendent de la transparence et de la bonne gestion.

Ils attendent que nous nommions les choses avec franchise.

Ils attendent que nous prenions des décisions, et non pas que nous fassions des promesses.  Et quand on décide, on s’expose à la critique. Et nous sommes prêts à être exposés, car nous souhaitons avancer.

Mais surtout, nous devons être exemplaires dans la gestion de la chose publique. Il en va de notre intérêt à tous, et de l’avenir de notre démocratie.

Nous devons oser combler ce fossé qui s’est creusé avec les citoyens.

Oser renouer le lien.

Oser la transparence, la franchise, l’exemplarité.

 

 

Ces neuf premiers mois ont été intenses.

Neuf mois… le temps d’une naissance.

 

Et un élément qui nous guide : le bon sens.

Avec le « only once » pour la simplification administrative.

Avec la baisse des taux d’enregistrement pour augmenter le pouvoir d’achat de nos citoyens rapidement. Des droits qui, contrairement à ce que disent certains, seront autoportants d’ici 5 ans. Ce n’est pas une dépense sauvage.

 

 

Ce bon sens, ce sera notre boussole tout au long de cette législature.

Mais le bon sens, c’est aussi savoir prendre des décisions difficiles.

Je me souviens d’une phrase de mon grand-père, d’une simplicité absolue :

« Quand on n’a pas les moyens de sa politique, on adapte sa politique à ses moyens. »

 

Alors oui, parfois, nous prenons des décisions qui ne font pas plaisir.

Mais nous osons les prendre. Parce qu’elles sont nécessaires. C’est cela assumer ses responsabilités.

 

Je vais conclure en abordant un point fondamental à mes yeux.

Nous vivons actuellement une révolution aussi importante que celle vécue par nos aïeux du 18e siècle.

 

Alors que l’industrie voyait apparaître la machine à vapeur, qui a bouleversé la vie sur terre, NOUS, nous assistons depuis quelques années à l’émergence de l’intelligence artificielle.

 

Il n’y a plus aucun doute à avoir, cette intelligence change profondément notre rapport à la vie dans son intégralité.

 

Elle bouleverse le monde du travail, même si elle n’est pas encore capable de faire le discours de l’état de la Wallonie.

Mais qui sait, peut-être l’année prochaine ;)

 

Nous devrons en tout cas faire face dans les prochaines années à une automatisation des tâches et à une transformation des métiers.

Notre industrie et notre économie vont être bouleversée, et c’est d’autant plus vrai que nous sommes dans une économie de services qui sera bien plus impactée qu’une économie agricole ou industrielle.

 

 

Le monde de la santé et de la médecine, la mobilité, les sciences, la recherche.

La cybersécurité, la vie privée.

L’éducation, la formation. L’administration.

Tous ces secteurs vont être touchés par cette révolution.

 

Une révolution qui n’est pas sans dangers. Je pense à la manipulation de l’information et des médias. Je pense au fake news, ou encore à ce que certains appellent « les vérités alternatives ».

 

L’intelligence artificielle bouleverse tout ce que nous connaissons.

Et les grandes puissances mondiales l’ont bien compris.

 

Les États-Unis investissent des centaines de milliards de dollars.

La Chine suit.

L’Europe accélère. La France annonce 109 milliards.

 

Nous ne rivaliserons pas par la taille.

Mais nous pouvons nous distinguer autrement.

Par notre créativité. Par nos talents. Par notre audace.

 

Aujourd’hui, des entreprises wallonnes brillent à l’international.

Des jeunes innovent, entreprennent, créent.

D’autres rêvent encore de le faire, mais attendent qu’on les soutienne, qu’on les encourage.

 

Nous devons leur donner envie d’agir.

Envie de rester.

Envie de revenir.

Envie de croire.

 

Nous devons aussi accueillir celles et ceux qui choisissent la Wallonie, qui veulent y travailler, y vivre, y fonder un avenir.

 

Et surtout, nous devons tendre la main.

Parce qu’il n’y a pas de transformation sans inclusion.

 

Aujourd’hui, nos voisins du nord nous regardent différemment.

Parce que nous osons affronter la réalité.

Parce que nous osons changer.

 

Mais il reste une chose que nous devons encore apprendre à faire :

Oser être fiers.

 

Chez nous, quand on réussit, on s’excuse presque.

Mais cela doit changer.

 

Je vais donc terminer mon discours avec une citation qui me parle beaucoup.

Et j’ai d’autant plus de plaisir à vous la partager qu’elle a été prononcée par une femme qui a explosé de nombreux plafonds de verre : l’animatrice de TV américaine Oprah Winfrey.

 

Oprah a dit : « Lorsque tu sous-estimes ce que tu fais, le monde sous-estime qui tu es ».

 

Alors, cessons de nous sous-estimer.

Cessons de douter de ce que nous sommes.

Cessons de nous excuser d’avancer.

 

Osons croire en nous.

Osons le changement.

Osons l’ambition.

Osons être fiers… être fiers d’être Wallons.

           

 

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